Victor MAREC est un peintre de la Belle Époque, dont les œuvres sont liées au mouvement naturaliste s’attachant à représenter les gestes de la vie paysanne et la dignité du travail ouvrier. Il a laissé au Sénat une composition de grande ampleur.
V. Marec, Les travaux du métropolitain place Saint-Michel en 1906, huile sur toile / © Paris Musées / Musée Carnavalet
Victor Blaise MAREC naît à Paris le 5 novembre 1862. Sa vie est intimement liée aux soubresauts de la IIIe République. Quand la guerre franco-allemande éclate, que Paris est assiégé (1870) et qu’ont lieu les mouvements insurrectionnels de la Commune en 1871, MAREC n’a que 8 ans. Après ces épisodes tragiques, la France connaît une période faste et les réformes institutionnelles ou sociales se succèdent : instauration en 1875 d’un régime parlementaire bicaméral, élection du président de la République par les deux chambres, institution de l’école laïque et obligatoire (1882), reconnaissance des syndicats (1884), séparation des Églises et de l’État (1905).
Il intègre à 15 ans l’École supérieure des Arts décoratifs puis, en 1880, l’École des Beaux-Arts où il suit l’enseignement d’artistes au succès immense, à l’instar de Jean-Paul LAURENS, récompensé pour ses peintures d’histoire, et de Jean-Léonce GÉROME, peintre orientalisant et chef de file du style néo-grec.
MAREC choisit des thématiques – la valorisation du travail et des travailleurs, leurs conditions de vie, le Progrès, la Patrie – qui correspondent à l’idéologie de la IIIe République. Au Salon des Artistes Français en 1885, il remporte une médaille pour La Petite malade (aujourd’hui à l’hôtel de ville de Vervins). Un Lendemain de paye lui vaut le Prix du Salon en 1886.
Les lois constitutionnelles de 1875 actent la naissance de la IIIe République. Les monuments à la gloire des nouvelles institutions fleurissent en France. Ainsi en 1889, installe-t-on sur la place de la Nation une version en plâtre du groupe de Jules DALOU Le Triomphe de la République. L’inauguration de la version en bronze, en novembre 1899, débute par des discours d’Émile LOUBET, Président de la République, d’Auguste FALLIÉRES, président du Sénat et de Paul DESCHANEL, président de la Chambre des Députés, puis donne lieu à des festivités que peint MAREC.
L’État commande à Victor MAREC, peintre reconnu, trois toiles destinées à la salle d’attente du public du palais du Luxembourg en 1903 : La Fontaine Médicis, L’Allée des platanes et La terrasse du Luxembourg qui sont désormais accrochées dans l’antichambre de la buvette des parlementaires.
En 1908, on lui commande L’Apothéose de la République pour le plafond du salon Victor HUGO, dont le thème lui est fourni par le discours de Jules FERRY, président du Sénat (séance du 27 février 1893). La toile est déposée en 1937 au profit du Génie des arts veillant sur le peuple de France de Georges d’ESPAGNAT.
Parisien dans l’âme, Victor MAREC témoigne des transformations que la capitale connaît depuis le second Empire, accentuées par les travaux de l’exposition universelle de 1900. Les projets se multiplient, dont le plus innovant est celui du Métropolitain : il peint alors le chantier de l’ouverture de la ligne 4.
MAREC appartient à la cohorte de peintres de la IIIe République que l’histoire de l’Art a méconnue. Témoin et acteur des courants artistiques qui foisonnent et s’opposent en cette fin du XIXe siècle, tantôt considéré trop conformiste ou trop ancré dans la réalité, il a été rejeté vers l’oubli.
Sa peinture offre pourtant un regard original sur son époque et ses contemporains. Elle témoigne de ses préoccupations sociales, républicaines et patriotiques, et révèle également l’amour qu’il porte à sa ville, à son Paris : Victor MAREC est un peintre politique et parisien.