Poète et romancier mais aussi pair de France, député puis sénateur engagé dans tous les débats qui traversèrent son temps, Victor HUGO (1802-1885) est incontestablement une figure centrale du XIXe siècle français. Académicien, il jouit d’une popularité et d’une notoriété telles de son vivant qu’il reçoit à sa mort un hommage national.
Victor HUGO, [photographie] atelier Nadar, 1870-1890 / © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Victor-Marie HUGO nait le 26 février 1802 d’un père général d’Empire et d’une mère royaliste à Besançon. Voyageant au gré des déplacements paternels, il commence très tôt à écrire poèmes et romans et reçoit, dès l’âge de quinze ans, une mention au concours de poésie de l’Académie française.
Par la suite, il est consacré Maître-ès-Jeux Floraux (concours de poésie de Toulouse) en 1820. HUGO s’engage d’abord en politique aux côtés des ultra-monarchistes sous la Restauration (1815-1830), position qu’il révisera par la suite, se déplaçant toujours plus vers la gauche de l’échiquier politique au cours de sa vie.
Il épouse en 1822 son amie d’enfance, Adèle FOUCHER, qui lui donne cinq enfants, dont Léopoldine, fille chérie, qui meurt tragiquement âgée d’à peine dix-neuf ans. Elle lui inspire son célèbre poème « Demain dès l’aube… ».
Nommé pair de France en 1845, sous la monarchie de Juillet (1830-1848), député de la Constituante sous la IIe République (1848-1852), Victor HUGO s’oppose violemment au coup d’État de Louis-Napoléon BONAPARTE (futur Napoléon III) le 2 décembre 1851 et s’exile durant dix-neuf ans en Belgique puis dans les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey.
Après la chute du second Empire, il rentre en France et participe activement aux débuts de la IIIe République qui l’élit député en 1871, puis sénateur de la Seine en 1876.
La prose oratoire hugolienne est mise au service de ses engagements politiques pour défendre les pauvres face à la misère, l’abolition de l’esclavage et de la peine de mort, la liberté d’expression, les droits de l’enfant, l’instruction gratuite et obligatoire…
Le jour de son élection sénatoriale, il déclare : « Cette salle du Luxembourg, je ne l’avais pas revue depuis le 25 février 1848. J’en suis sorti alors pair de France. J’y suis rentré aujourd’hui sénateur. »
La bibliothèque et les archives du Sénat conservent dans leurs collections plusieurs autographes de l’homme de lettres, notamment un discours rédigé pour demander l’amnistie des Communards en 1871… amnistie qui n’est pas obtenue malgré la force de persuasion qu’il déploie.
Son autorité et sa notoriété sont telles que le jour de son quatre-vingtième anniversaire, lors de son entrée dans la salle des séances du Palais du Luxembourg, la gauche se lève et l’applaudit. Le Président du Sénat poursuit ensuite : « Le génie a pris séance. Le Sénat a applaudi et il reprend le cours de sa séance. »
Poèmes, théâtres, romans, Victor HUGO se forgea un nom dans tous les genres littéraires : on connaît spécialement le recueil des Contemplations, regroupant des poésies écrites à la suite de la mort accidentelle de sa fille et de son gendre ; la pièce de théâtre Hernani est bien connue pour sa cabale, suscitée par les partisans de l’esthétique classique contre ceux, auxquels appartient HUGO, de l’esthétique romantique ; enfin, son roman le plus célèbre demeure Les Misérables, plaidoyer en faveur des pauvres et des exclus sociaux.
Chef de file des écrivains « romantiques », il donne à chaque genre littéraire un nouveau souffle en y imprimant son talent. Il reçoit la Légion d’honneur à 23 ans, accède au quatorzième fauteuil de l’Académie française dès 1841 et y meurt en doyen le 22 mai 1885. Lors de ses funérailles nationales, le catafalque de Victor HUGO est exposé sous l’Arc de Triomphe avant que sa dépouille ne soit déposée au Panthéon. Dans l’hémicycle du Sénat, son siège est distingué par une plaque commémorative.