Figure politique du Gard, Suzanne CRÉMIEUX représente dès 1948 la gauche démocratique au Parlement. Elle se distingue par ses interventions en séance publique, son engagement sur les questions sociales et sa participation au développement des relations franco-britanniques.
Suzanne Crémieux - © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Née à Paris en 1895, Suzanne CRÉMIEUX est décédée durant son mandat sénatorial en 1976, à l’âge de 81 ans. Elle est toujours restée attachée à ses origines dans le Gard, où elle a passé son enfance et fait une partie de ses études. Son père, Ferdinand CRÉMIEUX, fut successivement député puis sénateur de ce département pendant plus de 30 ans, après y avoir fondé, en 1884, la fédération radicale-socialiste.
Mariée en 1916 à Robert SCHREIBER, capitaine pilote puis co-directeur du journal Les Echos, Suzanne CRÉMIEUX divorce en 1944. Trois enfants naissent de cette union, dont Claire-Marie MENDÈS-FRANCE qui raconte son enfance dans L’Esprit de Liberté.
Suzanne CRÉMIEUX s’inscrit en 1924 au parti radical, dont elle devient successivement Secrétaire puis Vice-présidente. Attachée aux questions sociales, elle se consacre à l’entretien de crèches pendant la Première Guerre mondiale. Elle crée en 1928 le Centre national d’Information sociale et accompagne en tant que journaliste la Délégation française conduite par Aristide BRIAND à la Société des Nations dans les années 1930.
En 1938, Suzanne CRÉMIEUX entre au Cabinet de Marc RUCART, ministre de la Santé publique, en qualité de chargée de mission pour la protection maternelle et infantile. Cherchant à quitter la France pour le Maroc en 1940, elle est appréhendée en même temps que Georges MANDEL, César CAMPINCHI et André LE TROQUER. Rapidement revenue en France, elle vit cachée sous l’Occupation. Elle voyage sous une fausse identité et s’installe à Marseille jusqu’en 1943. Arrêtée à deux reprises par la Gestapo en raison de ses origines juives, elle vit avec la France résistante les dernières étapes de la Libération.
Membre de l’Union française pour le suffrage des femmes, elle candidate aux élections législatives dans le Gard en 1946. Finalement élue en 1948 au Conseil de la République, elle cumule dès cette date et jusqu’à sa mort 25 années de mandats parlementaires, dans un contexte où peu de femmes siègent alors au Parlement. Elles sont seulement 12 sur 320 élus en 1948 et 9 après le renouvellement de 1952. Suzanne CRÉMIEUX n’est d’ailleurs pas réélue en 1955, mais revient au Sénat en 1959.
À la suite des élections de 1971, elle fait partie des 4 sénatrices siégeant alors à la seconde chambre. Décrite comme une « grande dame » par le président Alain POHER lors de son éloge funèbre prononcée en séance le mardi 5 octobre 1976, elle est l’une des personnalités féminines marquantes de la vie politique du XXe siècle au palais du Luxembourg.
Inscrite au groupe de la gauche démocratique, Suzanne CRÉMIEUX s’exprime en séance publique sur des sujets variés allant de la réforme des régimes matrimoniaux en 1959, à l’emploi des enfants dans le spectacle en 1963, en passant par la question de l’immersion de déchets radioactifs en 1960 ou le fonds national de garantie des calamités agricoles en 1967.
Successivement membre des commissions de la France d’outre-mer, du suffrage universel et des affaires culturelles, elle se distingue par son engagement sans faille, en tant que Vice-présidente, auprès du groupe sénatorial sur l’enfance inadaptée.
Suzanne CRÉMIEUX a reçu plusieurs distinctions. Dès 1937, elle est faite chevalier de la Légion d’Honneur. Elle reçoit en outre le titre de commandeur de l’Ordre de la Santé publique, la médaille de vermeille des épidémies et la médaille de vermeille de l’Académie de Médecine.
Présidente du groupe sénatorial d’amitié France-Grande Bretagne et membre du comité franco-britannique, elle est nommée « dame de l’Empire britannique » en 1972.