Né le 23 février 1856 à Aubignas, dans l’Ardèche, Placide ASTIER suivit une scolarité exemplaire à l’école primaire de son village. Ambitieux, il continua ses études afin d’obtenir, en 1882, son diplôme de pharmacien de 1ère classe à Paris. Dans la capitale, il entama une carrière scientifique marquée par de nombreuses recherches, dont certaines lui valurent une médaille d’or à l’exposition de Bruxelles de 1897. Placide ASTIER fonda également un journal, Le Monde Médical, qui connut un grand succès. Député, puis sénateur de l’Ardèche (1910), il déposa une proposition de loi visant à réformer l’enseignement technique, industriel et commercial. Ce texte fut adopté après le décès de son auteur, mais la postérité en crédita le défunt, en retenant l’appellation de « loi ASTIER ».
Kola Astier ... Régulateur du cœur, tonique et reconstituant du système nerveux ... : [carton publicitaire] - ©Ville de Paris/Bibliothèque Forney
Sa plus célèbre invention reste le "Kola Astier", un produit pharmaceutique aux multiples vertus. Le Kola Astier était réputé pour ses effets anti-neurasthéniques, son action régulatrice sur le cœur, et son pouvoir stimulant sur le système musculaire. Utilisé pour combattre l’asthénie, l’adynamie cardiaque, la dépression nerveuse, et même pour améliorer les performances sportives, ce remède était principalement composé de noix de kola. Le Kola Astier a été utilisé tout au long du XXe siècle, y compris dans le sport de haut niveau.
Parallèlement à ses activités scientifiques et journalistiques, Placide ASTIER se lança en politique. Après un échec aux élections législatives en Ardèche en 1885, il devint conseiller municipal du 17e arrondissement de Paris en 1896. Membre du parti radical, il fut élu vice-président du conseil municipal de la capitale dès 1898, ce qui le conduisit à se présenter de nouveau aux élections législatives de la même année dans son département natal de l’Ardèche. Il y conquit son mandat parlementaire dès le premier tour de scrutin, le 8 mai 1898.
À la Chambre des députés, Placide ASTIER siégea dans de nombreuses commissions (décentralisation, commerce et industrie, voies navigables et ports maritimes…). Réélu de 1902 à 1910, il ne termina cependant pas son dernier mandat, préférant briguer un siège au Sénat qu’il occupa de 1910 à 1918.
Placide ASTIER marquera la postérité dans le domaine de l’éducation technique. Le 3 mars 1913, il déposa une proposition de loi visant à réformer l’enseignement technique, industriel et commercial en France. L’exposé des motifs soulignait la nécessité de mettre fin à un système éducatif trop abstrait, au profit d’une formation plus adaptée aux besoins économiques du pays.
La loi « ASTIER », visait non seulement à structurer l’enseignement technique, mais aussi à encourager les initiatives privées de façon à favoriser la prospérité industrielle et commerciale du pays : « L’enseignement technique n’est régi que par des dispositions spéciales, éparses et nécessairement incomplètes. Notre proposition de loi met fin à cette regrettable situation. […] Par son caractère essentiellement libéral, elle stimule les initiatives privées et les fait concourir au développement de l’instruction professionnelle et, par voie de conséquence, à la prospérité commerciale et industrielle du pays. Car elle s’applique avant tout à être, non une loi de coercition ou de gêne pour le patron ou le travailleur, mais une loi d’aide, de secours pour l’industrie nationale, qui exige chaque jour davantage de ceux qui s’y consacrent, du plus petit au plus grand, des connaissances solides, une préparation méthodique et appropriée.[1] »
En prononçant son éloge funèbre, le président du Sénat, Antonin DUBOST, évoqua le défunt en ses termes : « Au Sénat, nous l’estimions comme une de nos meilleures compétences, en même temps qu’une de nos meilleures forces de travail. Il avait été le rapporteur d’un très grand nombre de commissions, et notamment de celle des finances. […] Mais c’est surtout à la grande question de l’enseignement technique et professionnel que son nom restera le plus justement associé : il avait discerné depuis longtemps le point faible de notre éducation nationale, l’excès de son caractère abstrait, au détriment de sa formation technique et professionnelle (Vive approbation) ; il avait compris de bonne heure que d’autres pays, nos concurrents, avaient trouvé, dans un enseignement technique très perfectionné, les principaux éléments de leurs succès économiques. Il s’était fait l’apôtre de cette réforme, et vous avez voté, tout dernièrement, le projet qu’il vous avait présenté pour la réaliser.[2]»
[1] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6574944v/f17.item