Cheffe d’entreprise, résistante, Marie-Hélène CARDOT (1899-1977) fut aussi une femme politique, membre de la Haute Assemblée durant un quart de siècle (1946-1971).

Marie-Hélène CARDOT - © Archives du Sénat (1250 AS)
Né le 14 juillet 1899 à Tétaigne dans les Ardennes, Marie-Hélène JACQUEMIN épouse le 5 février 1921 Ernest CARDOT, entrepreneur spécialisé dans le matériel agricole : batteuses, charrues, pressoirs...
Ils s’installent à Douzy dans les Ardennes. Suite à l’invasion des troupes allemandes, Marie-Hélène et Ernest CARDOT – très marqué par la Grande Guerre – organisent dès le 11 novembre 1940 une filière d’évasion pour les prisonniers du camp qui jouxte leur propriété.
Le 1er mars 1941, Marie-Hélène CARDOT est arrêtée par les Allemands et emprisonnée à Sedan jusqu’au 10 avril 1941. Libérée faute de preuves suffisantes, elle poursuit avec son mari une action conjointes de résistance, en cachant notamment des aviateurs alliés dans leur entrepôt. Chef du secteur sedanais de l’Organisation civile et militaire (OCM), un mouvement de résistance, Ernest CARDOT tombe le 5 juin 1943 dans le bois de l’Alma près de Mouzon, sous les balles d’un traître. Victime à son tour de dénonciation, Marie-Hélène CARDOT est arrêtée le 18 juin 1944 puis incarcérée à Charleville-Mézières jusqu’à la Libération de la ville par les Américains le 29 août 1944.
Du fonds de son cachot, elle n’hésite pas à chanter La Marseillaise pour soutenir le moral des autres prisonniers. Pour ses faits de résistance, elle est décorée de la médaille de la Résistance française par un décret du 3 août 1946.
Dès sa libération, elle reprend la direction de l’entreprise Cardot. Parallèlement, elle commence une carrière politique en étant élue conseillère municipale de Douzy en mai 1945, puis conseillère générale en septembre 1945. Le 8 décembre 1946, elle fait partie des 21 premières femmes élues au Conseil de la République de la IVe République. Réélue sans interruption jusqu’en septembre 1971, date à laquelle elle décide de ne pas se représenter aux élections sénatoriales, Marie-Hélène CARDOT intervient régulièrement dans l’hémicycle pour défendre la situation des veuves et orphelins de guerre.
L’un de ses grands combats est celui de la réconciliation nationale. Forte de ses convictions chrétiennes, elle décide de rencontrer la veuve de l’assassin de son mari pour lui proposer son aide afin d’élever ses enfants. Le 21 décembre 1950, elle fait une intervention remarquée lors de la discussion du projet de loi sur l’amnistie.
Le 5 mai 1959, elle est élue vice-présidente du Sénat et devient la troisième femme à occuper ce poste.
En sa qualité de vice-présidente, elle préside de nombreuses séances publiques. Après 1962, compte tenu du différend entre le Président MONNERVILLE et le général de GAULLE, elle est régulièrement amenée à prendre la tête des délégations sénatoriales invitées à l’Élysée.
Le 8 mai 1973, elle est décorée de la légion d’honneur par le Président POHER qui la surnomme « la Sainte du Palais ».
Elle s’éteint le 13 août 1977. Le collège de sa ville de Douzy porte désormais son nom.