Écrivain, membre de l’Académie française et homme politique – maire, député, secrétaire d’État, ministre, sénateur de la Communauté, président de la République du Sénégal –, Léopold Sédar SENGHOR (1906-2001) est une figure incontournable de la Francophonie. Au cours de ses mandats politiques, il milite en faveur de la poursuite de relations entre la France et le Sénégal, après l’indépendance, particulièrement dans le domaine culturel. 

4fi 1042 © Archives du Sénat

Né le 9 octobre 1906 à Joal (Sénégal), L. S. Senghor étudie au collège catholique de Ngazobil, puis à Dakar, avant d’entrer en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand en 1928. Il y noue de solides amitiés avec Georges POMPIDOU, Président de la République française de 1969 à 1974, et Aimé CÉSAIRE (poète et député martiniquais). Cette expérience lui donne une excellente maîtrise de la culture et de la langue française, qu’il désire partager en choisissant une carrière d’enseignant. Agrégé de grammaire en 1935, il est d’abord nommé professeur de lettres dans un collège de Tours, puis à Saint-Maur-des Fossés en 1938. 

Mobilisé au sein de l’infanterie coloniale en 1940, L. S. SENGHOR est fait prisonnier puis libéré pour raisons de santé en 1942. À compter de la Libération et dans le contexte des crises qui rythment la décolonisation, il s’engage en politique à la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO). D’abord député du Bloc africain (circonscription Sénégal-Mauritanie), militant notamment pour l’égalité juridique entre les citoyens de l’Union française, il s’en distingue pour fonder en 1948 le Bloc Démocratique Sénégalais (BDS), parti favorable à une solution fédéraliste. 

Le Président du Conseil Edgar FAURE l’appelle en mars 1955 au secrétariat de la Présidence du Conseil de la République Française où il joue le rôle d’intermédiaire entre le Gouvernement et les leaders de l’indépendance des pays du Maghreb. En 1959, L. S. SENGHOR est élu sénateur de la Communauté (institution siégeant au Palais du Luxembourg ayant succédé à l’Union française), jusqu’à la déclaration d’indépendance de son pays. Il est élu Président de la République du Sénégal l’année suivante, fonction qu’il occupe vingt années durant, jusqu’à sa démission en 1980. 

Après la deuxième Guerre mondiale, L. S. SENGHOR écrit des recueils de poèmes comme Chants d’ombres (1945) et Hosties noires (1948). En collaboration avec l’écrivain sénégalais Abdoulaye SADJI, il publie en 1953 La Belle Histoire de Leuk-le-Lièvre, recueil de contes traditionnels africains teintés de réminiscences européennes qui devient un véritable manuel de lecture au Sénégal. Sa production littéraire se compose aussi d’essais. Ainsi, SENGHOR approfondit-il tout au long de sa vie la notion de « négritude »inventée par son ami Aimé CÉSAIRE et citée dans Liberté 11 : ce terme désigne « l’ensemble des valeurs culturelles du monde noir, telles qu’elles s’expriment dans la vie, les institutions et les œuvres des Noirs. » Ce combat pour « assimiler sans être assimilé » est comme le fil rouge de sa pensée. Du 19 au 22 septembre 1956, il participe à la Sorbonne au premier Congrès des Écrivains et Artistes Noirs. Président du Sénégal, il n’en corrige pas moins l’élocution des journalistes... L’Académie française l’élit à son 16e fauteuil en 1983.

En novembre 1962, dans un célèbre article de la revue Esprit, « Le Français, langue vivante », L. S. SENGHOR écrit : « La Francophonie, c’est cet Humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre ». 

En 1966, il déclare que : « Ce sont les peuples qui, par l’intermédiaire de leurs élus, pousseront les gouvernements à aller de l’avant. Il faudrait réunir dans une association interparlementaire les parlements de tous les pays où l’on parle le français », contribuant ainsi à la création de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), qui voit le jour en 1967.

Le 3 mai 2000, Boutros BOUTROS-GHALI, secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) – fondée en 1970 – déclare aux sénateurs : « La France a le devoir de répondre à l’immense attente des francophones du monde entier en veillant, sur son propre territoire, au statut de la langue française, en veillant à son respect, en veillant à sa diffusion, en veillant à son épanouissement ! » 

La Francophonie compte aujourd’hui 321 millions de locuteurs et 88 pays, le français étant la 5e langue parlée du monde.