François GOGUEL a été haut fonctionnaire au Sénat pendant 37 ans, puis membre du Conseil constitutionnel de 1971 à 1980. Reconnu pour la carrière universitaire qu’il conduit parallèlement à l’exercice de ses fonctions administratives, il a durablement marqué la Fondation nationale des Sciences politiques.
François Goguel - © Conseil constitutionnel
Né le 3 février 1909 à Paris, François GOGUEL est issu d’une famille de tradition républicaine et de confession protestante. Il étudie à la faculté de droit et à l’École libre des sciences politiques. Après avoir effectué son service militaire, il réussit le concours de secrétaire législatif du Sénat, qui préfigure le concours d’administrateur du Sénat, et rejoint le bureau des Procès-verbaux en 1931. Fonctionnaire de haute valeur, il poursuit des recherches universitaires en parallèle à son travail au palais du Luxembourg, soutenant une thèse de doctorat de droit en 1937 sous la direction d’André SIEGFRIED. Il collabore par ailleurs avec Roger LABROUSSE à la revue Esprit. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier en 1940 et reste enfermé dans plusieurs Oflags jusqu’à la Libération, en 1945.
Dès son retour de captivité, il devient secrétaire général de la Fondation nationale des Sciences politiques (FNSP) et revient au service du Parlement. À la création du Conseil de la République, il est également promu chef du service de la Séance. Il quitte ensuite le secrétariat général de la FNSP, étant nommé professeur à Sciences Po.
François GOGUEL publie de nombreux ouvrages universitaires et articles de référence sur la sociologie et la géographie électorales. Son ouvrage intitulé La Politique en France reçoit, en 1965, le prix Broquette-Gonin de l’Académie française. Au fil des années, il assume de nombreuses responsabilités administratives dans l’enseignement supérieur : président de l’Association française des Sciences politiques (1967-1982), de l’Institut d’études politiques de Paris (1969-1989), de la Fondation nationale des Sciences politiques (1971-1980) et de l’Institut d’études politiques de Strasbourg (1979-1981). Il siège en outre au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche entre 1971 et 1979.
En 1954, il est nommé secrétaire général du Conseil de la République, fonction qu’il conserve au Sénat de la Ve République. Il prépare, en 1956, la refonte du règlement intérieur de la Seconde chambre, avant de contribuer à la rédaction de la Constitution de 1958, par l’influence de ses travaux rédigés dans années 1950 sur la manière de renforcer l’efficacité du Gouvernement et de mieux organiser le travail parlementaire. L’amitié de longue date qui le lie à Michel DEBRÉ lui permet de suivre au plus près l’élaboration de la nouvelle Constitution, en particulier ce qu’elle prévoit pour assurer le fonctionnement de la navette parlementaire.
Gaulliste convaincu, il tient une position délicate lorsqu’éclate, en 1962, le violent conflit opposant le président Gaston MONNERVILLE et le général de GAULLE au sujet du projet de référendum portant élection du Président de la République au suffrage universel direct.
Après 37 ans de services, il quitte finalement le Sénat pour le Conseil constitutionnel en 1971. Nommé par le Président Georges POMPIDOU, il y siège jusqu’en 1980 tout en poursuivant ses travaux universitaires. En 1994, il fait don à la Fondation nationale des sciences politiques de ses archives personnelles, lesquelles représentent un total de 34 cartons.
En savoir plus
Si vous souhaitez de plus amples informations sur François GOGUEL, consultez la notice qui lui est dédiée dans l’ouvrage suivant : Hugo CONIEZ et Pierre MICHON, Servir les Assemblées : histoire et dictionnaire de l'administration parlementaire française de 1789 à la fin du XXe siècle, Mare & Martin, Collection Écrits parlementaires, Paris, 2020.