Eugénie EBOUÉ-TELL laisse le souvenir d’une femme marquée de forts engagements politiques, dans la continuité de la figure de son époux disparu Félix EBOUÉ, soutien de la première heure du général de GAULLE et de la France libre.

Native de Guyane, elle enseigne à Saint-Laurent du Maroni avant d’épouser Félix EBOUÉ, à qui son destin est désormais intimement lié. Son époux, gouverneur du Tchad puis de l’Afrique équatoriale française, est un soutien de la première heure de la France libre. Il décède en mai 1944, peu après la conférence de Brazzaville, qu’organise du 30 janvier au 8 février 1944 le Comité français de la Libération nationale, afin de déterminer le rôle et l'avenir de l'Empire colonial français.

Ayant rejoint dès 1940 les Forces françaises libres féminines, Eugénie EBOUÉ-TELL devient infirmière à l’hôpital militaire de Brazzaville de 1941 à 1944. Veuve, elle s’engage en politique. Candidate sous la bannière de la SFIO, elle est élue à l’Assemblée nationale constituante dans la première circonscription de la Guadeloupe en octobre 1945, puis en juin 1946. Battue aux législatives de novembre 1946, elle est ensuite élue au Conseil de la République le 15 décembre 1946, d’abord sur une liste SFIO, puis sur celle du Rassemblement du peuple français (RPF), le parti du général de GAULLE.

Au sein de la seconde chambre du Parlement, Eugénie EBOUÉ-TELL est membre de la commission de l’Éducation nationale, des Beaux-Arts, des Sports, de la Jeunesse et des Loisirs, ainsi que de la commission de l’Intérieur.

Elle dépose en 1947 une proposition de loi relative à la mémoire de Victor SCHOELCHER, le père de l’abolition de l’esclavage et cosigne une proposition de loi sur l’allocation de salaire unique et les allocations familiales, pour les mères élevant seules leurs enfants.

Sa participation aux travaux de la commission de l’intérieur la conduit à être rapporteure de plusieurs textes, portant principalement sur les départements et territoires d’outre-mer, ainsi que sur les pays d’Afrique. Rejoignant la commission de la France d’outre-mer en 1949, elle défend dans l’hémicycle l’extension à ces territoires des droits dans les domaines de la sécurité sociale, des traitements des fonctionnaires et du régime fiscal. Elle est élue, en 1951 et 1952, vice-présidente de la commission de la France d’outre-mer. À compter de 1950, la sénatrice est également membre de la commission de la marine et des pêches.

Eugénie EBOUÉ-TELL est élue le 9 octobre 1952, pour le Conseil de la République, à l’Assemblée de l’Union française (AUF) dont elle occupe la vice-présidence jusqu’en 1953.

Nommée membre de la commission des Affaires culturelles et des civilisations d’outre-mer et de la commission des relations extérieures, elle intervient en séance publique en faveur du développement social et économique des territoires et dans le domaine de l’organisation municipale.

En 1955 et 1956, elle est également l’auteur de plusieurs rapports, au nom de la commission des affaires sociales, sur l’exercice des professions médicales outre-mer et dans les territoires du Congo et du Cameroun. Sa dernière action au sein de l’AUF consistera à militer pour harmoniser la législation relative aux anciens combattants de la métropole et celle d’outre-mer.

À l’issue de ses mandats parlementaires, Eugénie EBOUÉ-TELL rejoint le Conseil économique et social de 1959 à 1962, au sein de la section des activités sociales. C’est également à cette date qu’elle est élue à Asnières, commune où elle s’investit jusqu’en 1970 en faveur de la jeunesse, du sport et de la famille. Le stade municipal des Grésillons, construit en 1965, porte le nom de son époux.