Chimiste réputé, Auguste SCHEURER-KESTNER (1833-1899) fut également un parlementaire au riche parcours politique. Élu initialement représentant du Haut-Rhin en 1871, il devint sénateur inamovible en 1875 et le resta jusqu’à son décès en 1899. L’exercice de ses fonctions parlementaires marqua les mémoires de ses contemporains par son ardente défense du capitaine DREYFUS, lors de « l'Affaire ».

Monument en hommage à Auguste SCHEURER-KESTNER réalisé par le sculpteur Jules DALOU dans le jardin du Luxembourg - © Sénat

Né le 11 février 1833 à Mulhouse dans une famille de protestants alsaciens, Auguste SCHEURER, chimiste de profession, épouse en 1856 Céline KESTNER. Il décide alors d’accoler le nom de sa femme au sien, en se faisant désormais appeler Auguste SCHEURER-KESTNER.

Après le décès de son beau-père, il reprend l’entreprise familiale de fabrication de produits chimiques installée à Thann et devient le directeur de la première usine française uniquement consacrée à la fabrication de ces produits. La société Thann et Mulhouse, qui perdure aujourd’hui sous un autre nom, est la plus ancienne entreprise chimique en France en activité.

Parallèlement à sa carrière d’entrepreneur Auguste SCHEURER-KESTNER se lance en politique. Élu député du Haut-Rhin le 8 février 1871, il démissionne symboliquement de son mandat pour protester contre la signature du traité de Francfort, le 10 mai 1871, qui ampute la France de l’Alsace-Moselle. Il est ensuite réélu à l’occasion des élections partielles organisées le 2 juillet 1871.

Le 15 décembre 1875, il fait partie des 75 sénateurs inamovibles élus à vie par l’Assemblée nationale.

À la Chambre haute, Auguste SCHEURER-KESTNER exerce les fonctions de secrétaire de 1876 à 1880, puis, de 1895 à 1898, de vice-président.

Proche de Gambetta, dont il finance le journal La République Française et relaie les idées, il est le défenseur acharné de l’Alsace française, dont il est le dernier représentant au Parlement.

Il se fait connaître plus largement du grand public lors de l’Affaire Dreyfus. Persuadé de l’innocence de l’intéressé, né comme lui à Mulhouse, et se considérant comme le protecteur de tous les Alsaciens, il publie le 30 octobre 1897 dans le journal Le Temps une lettre dans laquelle il proclame qu’il est convaincu de l’innocence du capitaine, annonçant qu’il mettra tout en œuvre pour obtenir la révision du procès.

Cette prise de position lui vaut de violentes attaques dans la presse anti-dreyfusarde, où il fait l’objet de nombreuses caricatures.

Il décède le 19 septembre 1899 des suites d’une longue maladie, le jour-même où le Président Émile LOUBET accorde sa grâce au capitaine DREYFUS.

Le 12 juillet 1906, le Sénat adopte une résolution pour qu’un buste d’Auguste SCHEURER-KESTNER soit installé dans la galerie des bustes. Un monument à sa mémoire, réalisé par le sculpteur Jules DALOU, est inauguré, le 11 février 1908, par le Président de la République Armand FALLIERES, dans le jardin du Luxembourg.