Connu comme le héros de la bataille de Narvik en 1940, le général Antoine BÉTHOUART (1889-1982) siégea également à la seconde chambre du Parlement pendant seize années consécutives, tout d’abord comme sénateur représentant les Français du Maroc de 1955 à 1958, puis comme sénateur représentant les Français établis hors de France de 1959 à 1971.

Le général BÉTHOUART à Innsbruck en novembre 1946.  Extrait du journal L’Air du 20 novembre 1946 – Source : BnF Gallica

Né le 17 décembre 1889 à Dole dans le Jura, Antoine BÉTHOUART choisit le métier des armes. Il intègre l’école de Saint-Cyr en 1909 dans la même promotion que le général de Gaulle et le maréchal Juin.

Durant la Première guerre mondiale, il prend part aux batailles de Verdun, de la Somme ainsi qu’à celle du Chemin des Dames. Blessé à trois reprises, il est décoré de la légion d’honneur et promu capitaine à la fin de la guerre.

Pendant l’entre-deux-guerres, il poursuit sa carrière militaire. Promu colonel en 1937, il prend le commandement de la brigade de chasseurs alpins de Chambéry, puis en février 1940 celui de la brigade de haute montagne.

C’est à ce titre qu’il est envoyé en Norvège à la tête du corps expéditionnaire français en Scandinavie (CEFS), dans le contexte de l’invasion de ce pays par l’Allemagne, le 9 avril 1940.

Une violente bataille navale et terrestre oppose les Allemands et les Alliés à Narvik au nord de la Norvège à compter du 10 avril 1940. Promu général à titre provisoire, Antoine BÉTHOUART y remporte la victoire et parvient à repousser les Allemands jusqu’à la frontière suédoise. Mais cette victoire demeure sans lendemain, car la progression des troupes allemandes en France entraîne le rapatriement du CEFS sur le sol français.

Après l’armistice, il est envoyé au Maroc. Refusant d’obéir aux consignes de Vichy consistant à s’opposer au débarquement allié en 1942, il est arrêté, jugé et déchu de la nationalité française par une cour martiale, en décembre 1942. Une fois libéré par les Alliés, il rejoint le général de Gaulle et effectue diverses missions notamment aux Etats-Unis. Le 14 juin 1944, il fait partie de la délégation qui débarque avec le général de Gaulle à Courseulles-sur-Mer.

En août 1944, le général BÉTHOUART participe au débarquement de Provence, puis remontant la vallée du Rhône à la tête du 1er Corps d’armée, prend part à la bataille d’Alsace. Il libère Mulhouse le 20 novembre 1944, avant de poursuivre le combat avec la 1ère armée du général de LATTRE de TASSIGNY jusqu’au col d’Arlberg en Autriche, qu’il atteint le 6 mai 1945. Ces actions lui valent d’être nommé compagnon de la Libération par décret du 7 juillet 1945. Le lendemain, le 8 juillet 1945, il est nommé Haut-commissaire de la République française en Autriche. Il reste à ce poste jusqu’au 30 septembre 1950.

Quittant l’armée d’active avec le grade de général d’armée, il retourne en France et entame une carrière politique. Le 28 juin 1955, il est élu au Conseil de la République, en qualité de représentant des Français du Maroc. Siégeant à la commission de la défense, il s’intéresse tout naturellement aux questions militaires mais également à celles relatives à la francophonie. Il dépose ainsi, le 12 mars 1957, une proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement à remédier par tous les moyens aux difficultés que rencontre la diffusion de la presse et du livre français à l'étranger, difficultés qui mettent en péril le rayonnement français et l'expansion économique de la nation.

Le 5 mai 1959, il est élu sénateur représentant les Français établis hors de France et réélu le 4 octobre 1962. Après seize années de mandat ininterrompu, il choisit de ne pas se représenter aux élections sénatoriales de septembre 1971.

Retiré de la vie politique, il se consacre à l’écriture de ses mémoires et tient régulièrement une chronique dans le quotidien Le Figaro.

Il décède le 17 octobre 1982. La 187e promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr porte le nom de « Général BÉTHOUART ».