Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, trois conférences se tiennent à Paris pour tirer les conséquences diplomatiques du conflit. L’une d’elles, la Conférence de la paix, se déroule au palais du Luxembourg en 1946.
Europe. Divisions politiques / carte dressée par J. Forest. 1945 - © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
La première de ces conférences, du 9 novembre au 21 décembre 1945, rassemble les dix-huit nations victorieuses pour répartir les indemnités de guerre en proportion des dommages subis.
La seconde, du 25 avril au 12 juillet 1946, vise à tracer les frontières de l’Europe. Quatre ministres des affaires étrangères y participent : Georges BIDAULT pour la France, Ernest BEVIN pour la Grande-Bretagne, James Francis BYRNES pour les Etats-Unis et Viatcheslav Mikhaïlovitch MOLOTOV pour l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). La discussion est âpre entre les quatre hommes qui ne parviennent qu’à un accord partiel. En effet, les tensions étant de plus en plus manifestes entre Moscou, d’une part, Londres et Washington, d’autre part, seules les questions relatives à la Bulgarie, la Hongrie, la Roumanie et l’Italie sont tranchées. Celles portant sur l’Allemagne sont reportées à plus tard.
La troisième conférence, dite « Conférence de la paix » ou « Conférence des vingt-et-une nations » a lieu du 29 juillet au 15 octobre 1946 à Paris, au palais du Luxembourg.
Les représentants de vingt-et-un États sont présents : Australie, Belgique, Brésil, Canada, Chine, Etats-Unis, Éthiopie, France, Grande-Bretagne, Grèce, Inde, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Russie blanche (Biélorussie), Tchécoslovaquie, Ukraine, Union sud-africaine, URSS et Yougoslavie.
Ces nations sont invitées à prendre connaissance des projets de traité de paix concernant l'Italie, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Finlande qu’ont rédigés Londres, Washington, Moscou et Paris, et à formuler leurs observations.
Arrivés du monde entier par avion, les membres de chaque délégation rejoignent le palais du Luxembourg à bord d’automobiles de liaison mises à disposition par le gouvernement français. La séance d’ouverture a lieu le lundi 29 juillet dans l’hémicycle du Sénat. La veille encore, des ouvriers s’y affairent pour terminer l’installation des caméras et microphones destinés à immortaliser l’événement.
Après un discours de bienvenue de Georges BIDAULT, président du Gouvernement provisoire de la République française et ministre des affaires étrangères, l’assemblée élit son bureau (président et vice-présidents).
La célèbre journalise Geneviève TABOUIS écrit : « Dès que l’on a franchi le seuil du palais du Luxembourg, on se trouve replongé dans l’atmosphère traditionnelle des grandes conférences. Sous les regards de marbres de Scipion l’Africain et de Caton l’Ancien, on entend hurler les demoiselles du téléphone. […] Et dans le bar de la presse, ancien oratoire de Marie de Médicis, les journalistes se livrent à des opérations de pointage de vote. »
Dans la salle des séances, les délégués font valoir leurs points de vue respectifs, à la recherche d’un accord. Le chef du protocole, poursuit la journaliste, « prend des poses avantageuses et, du haut de la tribune des secrétaires du Sénat, contemple avec une satisfaction évidente toute cette assemblée de nations dont il règle l’ordre et l’emploi du temps. »
À l’heure du déjeuner, délégués et journalistes quittent la salle des séances puis traversent cours et jardin pour se rendre dans les grands salons du Petit Luxembourg, transformés en restaurant.
Le soir, après la journée de travail, un ballet automobile anime la cour d'honneur du palais du Luxembourg pour reconduire les délégués dans leurs hôtels.
Le palais du Luxembourg connait cette effervescence pendant deux mois et demi, puis les membres des délégations se séparent pour rejoindre leurs pays respectifs. À la suite de ces travaux, une conférence des ministres des affaires étrangères se réunit à New-York le 4 novembre 1946 et aboutit à un accord sur les traités de paix de l'Italie, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Finlande, qui sont signés le 10 février 1947 à Paris.